Tuesday, February 3, 2009

Militantisme de brailleux!

Comme tout le monde la semaine passée, j'ai pas pu trouver grand chose à la téloche à part l'investiture d'Obama. Ben oui, ben oui, c'est historique pis on est enfin débarrassés de W. mais même moi, j'ai mes limites sur combien de fois je peut entendre la même histoire dans une seule journée.

La seule autre histoire qui a pu se faire un toute petite place, c'était une pension alimentaire format géant. Une belle histoire croustillante de linge sale de gens riches mais sans noms, avouez que c'est comme un fricot sans poulet.

Une pension alimentaire de cinquante millions...

Cours, ti-bonhomme, sauves-toi. Je vois d'ici les magazines de gars et les magazines de filles se répondre sur le ton de les « les gars sont niaiseux » pis les « les filles sont épaisses » qu'on entendait avant dans les cours d'école primaire. Ils me font penser aux parents de mon ex. Ils se sont séparés quand il avait deux ans et quand j'ai sorti avec (il avait presque la vingtaine), ils refusaient toujours (littéralement) de s'adresser la parole.

Les gens ont tout le temps eu des peines d'amour. Elles ont toujours fait mal tant au cœur qu'a l'orgueil. Ce qui est nouveau et qui ouvre la porte à une stupidité sans bornes, c'est qu'on donne aux ex-amants la chance de se venger, tout en prêtant une attention disproportionnée à une des pires conneries de notre époque; La guerre des sexes. Comme si les hommes et les femmes étaient deux espèces différentes s'envahissant l'une l'autre tout en oubliant qu'ils font partie de la même espèce et que leurs intérêts dépendent les uns des autres.

Je trouve franchement imbécile et voyeur qu'on mettre sur le même pied d'égalité un procès pour meurtre et un crêpage de chignon où un enfant est balloté pendant toute son enfance entre deux parents trop occupés à défendre leur orgueil et à se faire mutuellement chier pour se rendre compte que la vie continue et qu'il existe, qu'il est humain, ce pion qu'ils s'arrachent sans savoir quoi faire avec. Vous savez, l'être humain miniature qui figure sur le contrat entre la maison et l'auto.

Certains de ceux-là essaient de nous attendrir en disant qu'ils veulent voir leur pauvre petite progéniture plus souvent. Je ne serait pas surprise d'entendre parler qu'après qu'ils en aient eu la garde, ils n'en voudraient plus parce que l'enfant en question, c'est le dernier de leur soucis. Tout ce qu'ils veulent, c'est que l'autre ne l'ait pas.

La loi comme telle est moins à blâmer que la cupidité et l'immaturité de ceux qui y recourent. Les plus censés dans l'affaire, ce sont les enfants ( on peut pas faire autrement que de devenir vite adulte, quand ceux qui devraient être les plus matures deviennent, du jour au lendemain, le temps d'apprendre que l'autre a eu une aventure d'un soir, les plus cons.). On s'insurge contre l'enfant roi qui accepte tous les cadeaux que les parents divorcés lui donnent pour acheter leur amour. Pourquoi est ce qu'ils ne les accepteraient pas? Ce sont les grands qui sont trop cons pour être un peu matures, qu'ils paient! Pourquoi les enfants devraient ils se sentir coupables? ! La plupart du temps, ils ne demandent même pas ces pot-de-vins affectifs.

Le changement que le cas apporterait à la loi semble pourtant être logique. Les couples mariés et non-mariés sont à peu près pareils dans la vie. Pourquoi ne devraient-ils pas l'être devant la loi? Parce que c'est une faille du système dans laquelle plusieurs personnes se réfugient.

Quelques prophètes de malheur nous prédisent « un coup de hache dans la famille ». On croirait peut-être encore à l'apocalypse si on ne nous le prédisait pas depuis qu'Henri Bourassa gueulait contre le droit de vote des femmes.


J'embarque pas dans la guerre des sexes, vraiment pas. Je me considère féministe, mais j'ai mes réticenses sur le féminisme de première génération. On a tout fait pour les mères, pour les guerrières, pour les victimes mais qu'a-t on fait pour les femmes? On divise encore entre pauvres petites chouettes qui ont été violées ou qui sont sagement frigide ( Pas physiologiquement vierges mais qui en ont toujours la pureté (eeeugh! Ça doit bien être le mot le plus détestable du dictionnaire!) puisqu'elles n'ont pas été perverties par le plaisir.) et de l'autre côté, les traîtresses qui s'habillent pour plaire aux méchants hommes ou qui écoutent de la porno. Elles ont certainement du se faire laver le cerveau! Supottes du patriarcat! Trouvez-moi un exorciste!

Subtil descendant du complexe de la madonne et de la putain.

J'ai jamais demandé à être une Sainte Vierge en plâtre, juste une femme, un être humain femelle et les être humains, d'habitude, aiment fourrer. Pardonnez-moi de ne pas me forcer pour faire exception à la règle.

Tout ce braillage, cette célébration de la souffrance, ce culte de la victime, n'a rien de féministe. Il ne fait que récupérer l'idée que les femmes sont naturellement plus faibles que les hommes et vouées à une vie de misère et que le plaisir n'est surtout pas pour les femmes. J'ai commencé (mais jamais fini) un cours sur la philosophie de féminisme. Premier cours; une looongue litanie de statistiques sur la violence conjugale, les viols, les suicides...bon Dieu, que ça peut être encourageant! On fait aussi des programmes pour envoyer les filles à l'université. Est ce que ça n'envoie pas le message qu'elles sont trop faibles pour y aller toutes seules parce qu'elles sont des filles? Est ce que ça ne renforce pas ce que les américains appellent la « learned helplessness » ( impuissance acquise)?

En parlant de learned helplessness, j'ai lu une théorie assez intéressante dans un livre sur les troubles alimentaire (Psodynamic Treatment of Anorexia Nervosa and Bulimia, sous la direction de Craig Johnson. Publié chez Guilford press en 1991. Trouvé au YWCA de Moncton);

N'importe quel psychanalyste (ou tout bon jos connaissant bien informé) vous dira que n'importe quel bébé n'a qu'un seul dieu; sa mère. Les hommes en tirent une idée générale de ce qu'est une femme et recherchent cette perle rare (pas ce qu'était vraiment sa mère mais l'image idéalisée qu'il en a gardée) chez les autres femmes. Les filles en tirent aussi une idée de ce que doit être une femme sauf qu'au fur et à mesure qu'elles deviennent elles-mêmes femmes, elles ont le fardeau d'y ressembler. Je le répète, ce n'est pas à ce que leur mère était vraiment qu'elles veulent ressembler mais à l'image idéalisée qu'elles en ont gardée. Je me rends compte que ce n'est pas loin de la vérité à chaque fois que j'entends ma mère dire « Je sait pas quoisse que j'fait de mal, mais mame faisait ces biscuits là ben mieux que moi » ou « mame était capable de rendre ce plancher la ben plus beau que moi ». Sa mère faisait toujours mieux, même quand elle envoyait sa fille chercher elle même une hart dans champ pour la battre avec (un framboisier sauvage, ça a des épines, ouch!). Pourtant, elle continue de l'idéaliser.

Les livres imaginaires qu'on s'ordonne de perdre, les six cent soixante-six coussins blancs qui doivent toujours être immaculés peu importe qui s'assoit dessus ( comme si on avait pas mieux à faire), toutes les épreuves de féminité que l'on cherche dans les magazines de femmes (écrits par d'autres femmes), c'est pour ressembler à cette déesse de la santé du sexe, de l'amour, de la propreté, de la vertu, du confort que l'on croit naïvement que notre mère était.

Ainsi donc, les sacro-saintes mères peuvent aussi être destructrices. D'habitude, on pense que ce sont les pères qui sont coupables de tous les mots, tous violeurs en puissance, tous incestueux si on leur en donnerait la chance. On les oblige donc à materner.

Or, trop de maternage n'est pas destructeur. Il ne détruit pas ce qui a été construit. Il empêche que quelque chose soit construit. Il traite le moindre petit inconfort comme un cancer en phase terminale. L'enfant ne connait pas la douleur donc n'arrivera jamais à s'endurcir et tombera en morceaux à la première occasion. Il n'aura jamais à prendre conscience que la mort existe, n'aura jamais à savoir quoi faire de son temps parce qu'une armada d'éducateurs travaillent jour et nuit pour lui éviter la peine d'apprendre par lui-même.

J'ai vu un reportage à la télé américaine (ben oui, j'écoute pas juste la télé francophone, câllez la SNA!) intitulé Extreme Motherhood. Ça parlait, entre autres, d'une femme qui a servi de mère porteuse neuf fois (enceinte sans sexe d'un enfant qui n'est pas le sien. On ne trouve rien de plus près de l'Immaculée Conception!) et d'une femme qui allaite ses enfants de huit ans, à un âge où ils auraient dû depuis longtemps trouver des sources de réconfort à l'extérieur. Ce sont des cas extrèmes de certaines mères qui n'ont aucun intérêt à ce que leur enfant grandisse et s'émancipe. Elles ont besoin d'un petit être sans défense, d'un périphérique externe pour sentir qu'elles sont indispensables à quelqu'un pour légitimer leur existence et leur féminité. Ce n'est jamais assez pour elles d'être femmes, il leur faut même être plus qu'une mère. Il leur faut être une déesse. Leurs filles apprennent ce que c'est d'être une femme en observant leur mère qui, en fait, refuse d'en être une.

Si pour certaines ce n'est jamais assez d'être une femme, c'est peut-être parce qu'on a jamais célébré la féminité autrement que par la maternité. On porte aux nues les mères, les victimes et les guerrières mais jamais les femmes qui ne sont pas parfaites et n'essaient pas de l'être.


Eh non! Le féminisme n'est pas parfait, pas celui de première génération en tout cas mais n'allez pas vous imaginer que c'est meilleur de l'autre côté. À la démonisation des mâles, le masculinisme répond par leur victimisation à outrance, comme l'ont fait les premières féministes. Même les assassins deviennent de pauvres petites victimes qui n'ont pas su trouver de l'aide sous leur loupe. Ils semblent penser que toute la planète entière est devenu un énorme matriarcat sans visage qui conspire dans le but de leur enlever leur char. C'est la récupération d'un militantisme de brailleux dans lequel l'insulte suprême, mysogyne, est remplacé par misandre. Certains essaient même d'empêcher un avortement fait sans leur bénédiction parce que ça les prive d'une descendance (comme s'il n'y avait pas assez de femmes pour qu'ils la plantent ailleurs, leur descendance). On dirait que l'envie d'utérus (l'envie de s'approprier le processus de reproduction) a remplacé l'envie du pénis de Freud.

Certains chialent qu'on féminise les hommes mais en faire des victimes, n'est ce pas l'acte le moins viril qu'on puisse en faire?

Oui, c'est vrai que certains hommes passent des temps difficiles (les femmes aussi). Ça s'appelle la vie est c'est pas toujours facile. On est pas toujour responsable de ce que la vie nous garoche mais on est responsable de notre manière de réagir. S'il manque de services d'aide, pourquoi est ce qu'on enlève pas ces étiquettes « services d'aide pour les femmes » et « services d'aide pour les hommes » et qu'on ne donne pas de l'aide tout simplement aux gens, tous sexes confondus. Pas de jaloux!

Et encore, il ne faut jamais sous-estimer la stupidité de la guerre des sexes, ni à quel point certains frais divorcés peuvent aller pour ridiculiser l'autre bord.



By the way, merci beaucoup au prof. Denise Lamontagne pour m'avoir fait réaliser qu'on peut être féministe sans pour autant prendre Andrea Dworkin au mot et être lesbienne.

Saturday, September 20, 2008

Ode à Astérix

De loin, on ne voit qu’une grosse bedaine. Ses voyantes braies bleues et blanches lui vont jusque sous les bras, ses fines tresses rousses les touchent presque. Au dessus de son cou robuste, un petit menton et des petites pommettes saillantes et hautes perchées laissent anticiper un sourire sous son abondante moustache et son nez caricatural. Autour de cette grosse poire, ses yeux et son casque semblent minuscules. Ses bras chairus , large comme des troncs d’arbres se rejoignent souvent dans son dos où ses grosses mains supportent une monumentale garnotte qui fait deux fois sa taille (et c’est pas peu dire!). Il n’est pas exactement le menhir le plus intelligent de la carrière mais il a la joie de vivre d’un Portos doublée de la susceptibilité belliqueuse d’un Cyrano de Bergerac (c’est pour ça que Depardieu lui va à merveille). Ce gros mastodonte (dites le pas trop fort) est pourtant un grand timide de son propre aveu.

 

À côté de sa grosse paire de chaussures brunes et informes, il y en a presque toujours une seconde. De celle-là émergent de courtes jambes vêtues de rouges jusqu’à une ceinture lestée d’un glaive de côté et d’une gourde assez spéciale de l’autre. Un petit chandail noir monte jusqu’à ses étroites épaules, laissant à découvert ses bras frêles. Ne vous y méprenez pas! Sur le visage, les mêmes pommettes saillantes, le même nez gros comme un œuf d’autruche, presque les mêmes moustaches mais en jaune. Des plumes se dressent sur son casque, comme s’il avait toujours une ampoule allumée au dessus de a tête. Contrairement à son comparse aux petits yeux hébétés, les siens sont éveillés, grand ouverts sur un esprit plus vif que l’on croirait.

 

C’est presqu’une signature. Même si ce n’était pas lui qui les dessinait, les personnages de Goscinny ont toujours eu un énorme nez de clown; Astérix, Obélix, Iznogoud, Oumpah-pah, les Dalton… Contrairement à l’univers de la Ligne Claire de Hergé qui se veut généralement assez réaliste, l’univers de Goscinny et d’Uderzo est cartoonesque, caricatural à l’excès. Personnages dessinés soit minuscules, soit démesurés (Astérix face à Obélix, Joe Dalton face à Averell), presque sans aucun sens des proportions; mentons énormes, nez énormes, pieds énormes. Les méchants piquent des crises dignes d’enfants de quatre ans hyper-gâtés mais les bons aussi ne sont pas dénués d’un certain côté grotesque. Les lois de la physique sont respectés, à moins que ce soit plus drôle autrement. Quand quelqu’un est frappé, il fait un saut de dix mètres dans les airs…et survit! (« Oh, tu sais, ce n’est qu’dessin animé après tout. Tout est permis! ») C’est la même chose avec l’histoire.

 

C’est tout juste les drôles de faces qu’il faut pour meubler de bonnes soirées quand on a huit ans. Je sait, c’est pas bon de rester trop longtemps devant la télé quand on a huit ans (dans ce cas là, pourquoi est ce qu’on leur donne des médicaments pour qu’ils restent assis?). Lors des trop courtes soirées du temps des fêtes passés devant la télé de la chambre de mes parents, les rires des mon onc’ et matantes du bout du monde (ie, Montréal)  venues en visite de fin d’année, les jokes de mes frères et sœurs encore sous le toit familial et même l’arôme des galettes et des pâtés passaient amplement la porte de bois mince mais il en fallait bien plus que ça pour faire sortir la petite dernière de la chambre pour un morceau de dinde ou même pour un nouveau cadeau; j’avait tout ce qu’il fallait pour m divertir devant les yeux et entre les deux oreilles. Mon imagination faisait du cent à l’heure en regardant l’acier brillant de l’armure robuste des romains pourtant impuissante contre le poing d’Obélix. Je sautillai au rythme des bagarres et même une fois le film fini, j’imaginait le duo gaulois à mes côtés partout ou j’allait. Je n’avait pas besoin d’amis, même en allant me faire glisser à la gravel pit. Les plus infimes détails de ma vie d’enfant devenaient excitants, même l’école. Ce n’était que de la rêverie mais de la rêverie intéressante qui me donnait de l’énergie, me survoltait. C’était le pourvoir, pour une petite fille de huit ans en 1993, de me transporter en Gaule, vingt siècles plus tôt, déjà le pouvoir de transposer un univers dans le mien et même d’en créer un autre. Déjà l’embryon d’un talent d’écrivain.

 

Le temps des fêtes est un temps fertile en clichés au Canada. L’œuvre de Goscinny et Uderzo est aussi pleine de clichés d’outre-Atlantique. Il y’a aussi beaucoup d’autres clichés qui font rire tout le monde, surtout les adultes, qui y ont presque tous eu affaire un jour ou l’autre. L’élément déclencheur de l’album « Les Lauriers de César » est un pari d’ivrogne la rivalité et les commérages auxquels se livrent Bonnemine et les femmes du villages dans « La Zizanie » est un délice. On peut aussi prendre l’exemple de la maison qui rend fous, dans « Les Douze Travaux d’Astérix ». N’importe qui a déjà eu affaire à la bureaucratie gouvernementale (et aussi de plusieurs entreprises privées) a un jour, eu envie de péter les plombs comme Obélix. Un de mes professeurs d’histoire s’est même une fois servi de cette scène comme exemple humoristique de ce qu’était la bureaucratie romaine dans les derniers jours de l’empire.

 

Composé pour la plus grande part après Mai 1968, on voit bien que l’univers d’Astérix est moins coincé, moins politically correct que celui de Tintin. Il est plus satirique, avec tout juste la bonne dose de vérité historique et de clins d’œil à notre temps. Astérix nage à la perfection entre la satire humoristique destinée aux adultes et l’humour un peu plus doux, voir même un peu plate, destiné aux enfants.

 

La grande force de cette œuvre, c’est justement son humour à plusieurs niveaux. Les bagarres intéressent les jeunes savant à peine lire. Les situations anachroniques, les jeux de mots et les clins d’œil à notre époque amusent les plus vieux (jeunes de cœur). Même le lettré et le fin historien y trouve son compte en citations latines et en fines références à l’histoire romaine.

 

C’est une bonne réponse à certains qui ont accusé l’œuvre de Goscinny et d’Uderzo d’être truffés d’incongruités historiques et de manque de profondeur. Ces critiques ne sont pas dénués d’un certain snobisme, celui qui prend sa seule fierté dans la compréhension de ce qui est au dessus  du commun des mortels, qui foule aux pieds ce que la plupart des gens comprennent, le tout dans le plus parfait arbitraire. Ces critiques semblent oublier qu’Astérix est une bande dessinée, un divertissement, et non un manuel d’histoire. Certains des auteurs encensés par les mêmes critiques se sont eux aussi permis de petites entorses à l’histoire de leurs œuvres plus sérieuses mais pas de moindre qualité pour autant. Ils l’ont fait au nom de la créativité et de la liberté artistique et ils avaient parfaitement le droit de le faire. L’art n’a pas à être une représentation de l’histoire pas plus que la peinture, à l’époque de la photographie numérique, n’a qu’a être une représentation fade de ce que l’on voit. Ces responsabilités reviennent respectivement à l’histoire et à la photographie. On apprend très tôt aux jeunes à faire la différence entre la réalité et la fiction et vers l’âge de dix ans ils savent bien souvent la faire mieux que nous. Ils savent donc très bien que la potion magique n’existe pas. On peut pas en dire autant de leurs ainés qui recherchent toujours boissons énergétiques, shakes aux protéines et fontaines de jouvence au collagène et aux Oméga-3.

 

Même si cette bédé est presque de l’entertainment à l’américaine au pays des critiques snobs par excellence, il y’a une certaine historicité (conquête romaine de la Gaule, thermes, insulae). Il y’a aussi une certaine profondeur qui dépasse le simple étalage de chauvinisme auquel les américains nous ont habitués. On n’a qu’à penser au personnage de Jules César. Il aurait été très facile et même tentant d’en faire un méchant envahisseur à la Darth Vader et de traîner aux égouts ce grand personnage de l’histoire de l’humanité. Après tout, n’a-t-il pas assujetti le peuple de nos héros? Au contraire, c’est par sa caricature en encre et en papier qu’il est ramené à un niveau plus humain que celui de Dieu auquel des générations d’historiens à ses pieds l’ont hissé. Dans Astérix, Jules est toujours un homme d’État ambitieux (l’ambition est un pré-requis pour être un politicien) mais tout de même hors-pair, qui n’a pas toujours conquis le monde en étant poli (l’esclavage et les prises d’otages sont abordés dans Astérix) mais personne dans l’histoire n’a conquis le monde sans tricher un peu (lisez Le Prince de Machiavel si vous en doutez!) Il redouble d’ingéniosité pour conquérir le village Gaulois, dernier caillou dans sa caliga mais est toujours tenu en échec par la potion magique et parce qu’il a beau être le plus grand politicien te tout les temps, il est entouré d’incompétents (fictifs, à qui incombe d’avantage le rôle du méchant classique). Il est cependant loin d’être un dieu sur terre et il lui arrive de se fâcher, de se tromper, et même quelques fois d’avoir l’air assez ridicule.

 

Savez-vous ce qui m’a amené à m’intéresser autant à l’empire romain? Une bonne partie de ce que je connais sur les césars, je l’ai pris dans une vieille encyclopédie que Patrice m’a donnée. Qu’est ce qui m’a poussé à en lire les pages? Qu’est ce qui a fait que parmi ces centaines de pages, le nom de « Jules César » a attiré mon attention? Astérix.

 

Non, ce n’est pas une épopée historique mais en rendant familiers à de jeunes oreilles des noms comme Jules César, Brutus, Cléopâtre, Vercingétorix, Gaule, ils piquent leur curiosité et les portent d’avantage à lire sur le sujet une fois plus grands que si on leur posait devant les yeux tout de suite l’œuvre complète de Cicéron ou de Plutarque. Ils ne les comprennent pas tout de suite mais empruntent un chemin en pente douce qui les mèneront éventuellement à lire ces grands classiques. Son premier pas, c’est Astérix.

 

Les critiques ne savent pas du tout voir derrière la fine couche de baffes et de clichés. Ils déplorent le manque de culture de notre époque « barbare ». Toutes les époques sont barbares pour leurs contemporains! Pensez vous sérieusement que même à l’époque des lumières, la sacro-sainte Aufklärung,  tout le monde, même les paysans, lisaient Homère? Ils ne savaient même pas lire.

 

L’histoire est comme toutes les autres matières, il faut d’abord y être initié. Je plains celui qui essaye d’intéresser à un enfant de huit ans à la guerre des Gaules. Dans son esprit, il identifiera vite l’histoire à une matière plate et difficile. Astérix, même si ce n’est pas son but premier, joue le rôle d’une porte d’entrée vers ces matières. C’est la marijuana de la lecture et de l’histoire; plusieurs en restent là mais quelques uns, qui n’y auraient pas goûté autrement, on vite une curiosité qui les pousse  vers quelque chose de plus gros. Ils trouvent autre chose auxquels ils s’habituent et après cherchent encore autre chose. Ainsi de suite jusqu’à, comme dans mon cas, ils soient accros à la connaissance.

 

J’ai presque envie de qualifier Astérix de bonbon intellectuel mais l’analogie serait fausse. Un bonbon, quoiqu’il ait un bon goût, n’a pas de valeur nutritionnelle alors qu’Astérix a une certaine valeur intellectuelle. Il s’agit plutôt d’une tranche de tomate ou d’une feuille laitue glissée dans un hamburger. Est-ce qu’on salit un bon légume en le laissant toucher un vilain morceau de viande plein de gras? Qui sait mais si on ne l’avait pas mis dans le hamburger, la feuille de laitue aurait été laissée dans le frigo.

 

La laitue (comme aliment) existe pour être mangée comme l’art existe pour être apprécié. C’est un moyen de communication et pour communiquer, il faut faire le compromis (que quelques personnes voient comme un avilissement) d’aller vers l’autre, lui parler, nouer un dialogue plutôt que de s’enfoncer dans un monologue insensé et vaniteux tout en espérant (sans en avoir l’air, snobisme oblige) que quelqu’un vienne écouter ce qu’on a à dire et crient au chef d’œuvre.

 

Il faut s’abaisser au niveau  des enfants et des profanes (qui est moins bas que l’on pense, si on laisse son snobisme à la porte), les prendre par la main avec Astérix, Tintin et Harry Potter non pas pour en rester là mais pour lentement leur faire découvrir, année après année; Christine Brouillet, Michel Tremblay, puis Stephen King,  puis Mary Higgins Clark jusqu’à ce qu’ils peuvent par eux-mêmes aller chercher les splendeurs qu’il y’a de l’autre côté du mur, les Ionesco, Hugo, Eco, Corneille et pourquoi pas, Molière.

 

Or, si l’on élève le « petit peuple vulgaire » au niveau des lettrés, que reste-t-il aux snobs?

 

Quand j’étais à la polyvalente et qu’on devait faire un compte-rendu de lecture, moi et quelques autres bolles avions les livres les plus intéressants; un Mari Higgins Clark dégoulinant d’adrénaline ou un Michel Tremblay truffé de sacres bien explosifs. D’un autre côté, les moins chanceux qui ont travaillé plus fort que nous pour leur diplôme (s’ils l’ont eu) avaient les livres les plus difficiles et les plus plates. Ceux qui auraient pu piquer leur intérêt, c’est nous qui les avaient. Les profs et les élèves, volontairement ou non, marquaient clairement la limite entre les bonnes petites (filles) diplômés d’avance et les vilains petits canards, sur lesquels mieux vaut ne pas perdre d’énergie. Pourtant, à armes (et à préjugés) égales, certains d’entre eux auraient fort bien pu avoir leur diplôme.

 

Pourquoi cette dichotomie entre bons et mauvais élèves? Entre haute culture et culture populaire, que l’on étiquette souvent comme une perte de temps? Quoiqu’on en dise, à sept jours ou à cent sept ans, mécanicien ou académicien, nous sommes tous en processus d’apprentissage. Ceux qui s’époumonent à crier la bêtise des autres le feraient moins s’ils en étaient conscients.  À les entendre crier la stupidité des « inférieurs » ( lire: du monde entier) sans se rendre compte de la leur, je préfère encore lire Astérix.

Tuesday, September 9, 2008

On est pas des brebis!

En juillet, j’ai écrit une lettre ouverte dans l’Acadie Nouvelle portant sur le droit à l’avortement. C’était pour défendre le Dr. Morgentaler et sa médaille de l’ordre du Canada. Mon papier a été publié dans l’édition du samedi comme lettre de la semaine et j’en étais pas peu fière!

 

Voilà que deux mois plus tard, le sujet redevient d’actualité mais cette fois, chez nos voisins du Sud, et pas parmi les plus neutres. Bristol Palin, la fille de la colistière républicaine Sarah Palin est enceinte et célibataire à 17 ans.

 

John McCain, qui dit avoir su le fond de l’histoire avant d’avoir choisi sa colistière, s’est pourtant ouvert toute une boite de pandore. Soit il voulait faire tout le mal possible à sa propre campagne, soit il est franchement stupide. En tout cas, les médias et les critiques s’en donnent à cœur joie. Les républicains crient aux médias subjectifs (et trainer Michelle Obama, Chelsea et Bill Clinton dans la boue, c’est ok? Associer Barak Obama aux Black Panthers et à des islamistes radicaux, c’était objectif?). Les médias ont toujours l’air plus objectif quand ils ont la même opinion que nous. Très franchement, j’aime pas jouer la même game de sale que les républicains ont joué avec Bill, surtout pas quand ça concerne une toute jeune fille.

 

Qu’est ce que la colistière du candidat républicain à la présidence américaine vient faire dans  le blog d’une acadienne ouvertement gauchiste?  C’est que cette belle canne de vers vient d’ouvrir une brèche grosse comme le détroit de Béring dans l’idéologie moralisatrice non seulement des républicains américains mais de toute la droite occidentale.

 

Palin, gouverneure de l’Alaska (pff, et y disent que le Canada, c’est le milieu de nulle part), est farouchement contre l’avortement et refuse toute éducation sexuelle dans les écoles à part l’abstinence (sans parler qu’elle tient à ses fusils d’assaut comme un macho minable qui a une faiblesse « on-sait-où » à compenser). Or, la grossesse de Bristol Palin prouve quelque chose que l’on dit depuis longtemps; l’abstinence marche, en théorie. C’est un très bel idéal qui tire de la sainteté mais c’est un idéal auquel les jeunes n’ont pas tous la force de se conformer (à moins de les marier à 14 ans, comme dans le temps de ma grand-mère).

 

Interdire l’éducation sexuelle et les condoms de peur d’inciter les adolescents à avoir des relations sexuelles, comme le prônent le pape et madame Palin, revient à interdire les ceintures de sécurité et les sacs gonflables dans les autos de peur d’inciter les gens à conduire dangereusement. Le Sida fait rage et il nous faut une solution pragmatique et non une utopie pour y faire face. Les adolescents, s’ils ne sont pas a la hauteur d’être de parfaits petits ascètes asexués, castrés et plates comme leurs parents leurs demandent, ont le droit de se protéger d’une maladie. Beaucoup se servent même du Sida comme un bonhomme-sept-heures qui viendra tuer les pauvres petits chérubins adolescents s’ils osent devenir de méchants démons sexués. Ben oui, la chasteté est une vertu mais la chasteté imposée par la peur, ce n’est pas du respect de soi mais tout simplement se faire mentir, être tenu en laisse dans l’ignorance par les plus grands. Ce n’est certainement pas grandir.

 

Pour ce qui est de l’avortement, je comprend mieux la position conservatrice. En cas de danger pour la vie de la mère lors d’une grossesse non désirée, mieux vaut un beau petit bébé rose que de garder en vie une traînée qu’a pas su se fermer les jambes ( j’ai jamais été aussi sarcastique de toute ma vie).

 

L’idée que McCain a peut-être eu de récupérer le vote féministe avec un colistier qui a beau avoir un vagin mais qui considère chaque femme (à part elle-même, bien-sûr) comme un simple utérus sur pattes est franchement une insulte à l’intelligence tant des féministes que des républicains.

 

Mais sérieusement, je comprends les objections pro-vie. Personne d’entre nous ne se souvient de la journée, de l’heure, de la minute où, dans le ventre de notre mère, nous sommes devenus des êtres pensants. C’est pour ça que je pense qu’il faudrait conscientiser les gens face à l’avortement, leur faire comprendre que ce n’est pas un caprice mais la dernière des dernières portes de sorties quand il ne reste plus d’autre solutions. Le droit à l’avortement est une bonne chose mais le fait qu’on ait à s’en servir si souvent n’en est pas une. Il n’y a pas une femme au monde qui sabre le champagne en se faisant avorter. Elle est bien consciente que c’est une vie en devenir qui est interrompue. La plupart pleurent même et en sont psychologiquement marquées à vie. L’image naïve et manichéenne de la femme sèche qui jette son fœtus à la poubelle est, à mes yeux, un cruel manque de compassion envers des jeunes filles qui elles, à défaut d’être de parfaites petites saintes Vierges, souffrent certainement. Elles choisissent de se faire avorter parce qu’elles ne voient pas d’autres portes de sortie. Si on leur ferme la dernière, elles vont l’emprunter quand-même, un fil de fer planté entre leurs jambes couvertes de sang. Si on veut vraiment que ces « irresponsables » gardent leur bébé, il faut les diriger vers d’autres portes de sortie plus éthiques dont plusieurs leurs sont bloquées par notamment par le « qu’en-dira-t-on » puritain mais aussi par des raisons psychologiques.

 

La contraception entraîne un taux de nativité bas, ok, parce que les gens choisissent de ne pas avoir d’enfants dès qu’on les met en charge de leur fertilité. Pourquoi? Parce qu’on panique devant la responsabilité de parent une figure d’autorité. On idéalise le jeune simili-marginal un peu baveux face à la figure d’autorité rabat-joie qu’est le parent, Devenir parent, c’est vieillir et c’est cette peur de vieillir, d’avoir un pied dans la tombe qui chasse certaines femmes de la maternité. Raison superficielle mais cette peur touche toute la société; le rôle de parent n’est plus mis en valeur chez une civilisation d’éternels ados.

 

L’autre problème qui pousse à l’interruption presque systématique de la plupart des grossesses non (consciemment) désirées, c’est cette vision selon laquelle tout ce qui n’est pas rigoureusement contrôlé au quart de tour ne peut pas être bon. Or, la fertilité n’est pas si facilement que ça. On a beau crier « un enfant si je veut », parlez-en à toutes les femmes dans la quarantaine qui essaient de concevoir et vous vous rendrez compte qu’on a beau faire ce qu’on veut, c’est la nature qui est la patronne.

 

Aussi, ce que l’on veut n’est pas toujours ce qu’on a besoin. On gaspille une énergie folle à entretenir des pelouses-tapis taillées comme le dessus de la tête d’un marine. On en vient à détester l’irrégularité poétique du trèfle, on veut éradiquer les pissenlits honteusement naturels dont la petite tête jaune casse ce vert morne et uniforme. On est tellement obsédés par la recherche de la beauté et du bonheur qu’on oublie de les apprécier quand ils passent. Ça me rappelle une sorte de rosier sauvage. La plus belle petite fleure rose au cœur jaune et qui pousse dans un dépotoir. C’est parfois la même chose pour un enfant.

 

Évidemment, un bébé n’est pas une panacée. Ce n’est pas à lui de veiller sur nous mais à nous de veiller sur lui. Cependant, pour certaines personnes, avoir un petit être à qui donner, sur qui veiller, peut donner un sens à la vie. Donner à quelqu’un d’autre, pour une fois. Sur ce point, fonder une famille peut constituer un antidote au matérialisme ambiant qui ne mène nulle part. Tout trésor matériel (lire; maison, auto, bébelle technologique) perd sa valeur dès qu’on l’a. On ne le veut plus! Un enfant, c’est autre chose. C’est quelque chose de transcendant, participer à quelque chose de plus grand que nous, qui sera là après notre mort et qui se souviendra de nous plus tard. C’est participer à la vie elle-même plutôt que de faire tout simplement des fioritures autour.

 

C’est beau avoir un enfant mais ce n’est pas non plus une tâche surhumaine qui doit se faire en milieu stérile sans aucun imprévu. Il ne faut pas avoir peur de tout gâcher. Vos parents n’étaient pas des dieux, quoi que vous en pensiez (Ô oedipe, quand tu nous tiends!),  pourtant ils vous  ont bien élevés.  Il y a certainement eu des épreuves mais les épreuves forment l’essence de la vie. Chacune d’elles est un coup de ciseau dans la pierre qui transforme un bloc de marbre primordial sans âme en une sculpture, œuvre d’art.

 

Justement parce que ce sont les épreuves qui forment le caractère et la personnalité, un fœtus n’est pas encore un humain, pas encore. C’est déjà une formidable petite machine, un cœur qui bat. C’est une vie, mais pas encore une vie humaine. Par contre, elle peut le devenir. Une vie, une âme, c’est bien plus qu’un corps.

 

Une âme est faite parce que la vie fait voir à une personne, ce que ses parents lui inculquent comme valeurs. Un vrai parent, ce n’est pas celui ou celle qui se contente de faire un corps mais qui transmet des valeurs à son enfant. Un être humain est constitué de trois dimensions; corps, âme et intellect.

 

Cependant, faire un corps, ce n’est déjà pas rien. Un fœtus n’est pas encore un humain mais il pourrait le devenir. C’est pour ça que l’avortement ne doit jamais être pris à la légère.

 

L’être humain est fort complexe mais le discours religieux de droite le voit d’une manière désespérément simpliste, voire avilissante; une machine à se reproduire. Ainsi, le Deutéronome et la plupart des télévangélistes dénoncent l’homosexualité comme contre-nature parce que ne pouvant pas mener à la reproduction. Il croient que tout sexe non-reproductif écarte l’être humain de sa raison d’être; se reproduire. Une telle vision écarte de l’équation le sacro-saint amour qui rend le sexe tolérable aux yeux de la plupart des bien-pensants. Faire l’amour, même avoir une aventure d’un soir, est bien plus qu’un simple échange d’ADN. Deux personnalités, des traits de caractères, des âmes entrent en ligne de compte. Et de même, pour trouver un conjoint ou un « partenaire de vie » il y’a des gouts,  des besoins émotifs, une histoire de vie, toute une psychologie qui sont impliqués. Les nier, c’est faire de l’être humain un « breeder », une simple machine, plus basse encore qu’un animal, auquel ils répugnent à admettre notre affiliation.

 

Ils supposent que tous sont faits pour se reproduire. C’est aussi tout un manque d’humilité de prétendre connaître la raison d’être de l’humanité et de réprimander quiconque ne s’y conforme pas ou n’en a pas la même idée. Qui peut prétendre le faire? Bien malin est celui qui sait ce que le bonhomme d’en haut avait en tête en créant Adam et Ève!

 

Peut-être que la nature (ou Dieu) a conçu l’homosexualité justement comme un moyen de soustraire quelques-uns d’entre nous au devoir d’élever une famille pour leur permettre de consacrer leur vie à autre chose. Par exemple, il y’a beaucoup d’homosexuels dans les milieux des arts et de la religion, on n’a qu’a penser à plusieurs prêtres catholiques (c’est justement pour qu’ils puissent consacrer plus de temps à leur sacerdoce que l’Église empêche les prêtres de se marier) et à de grands artistes comme Tchaikovsky, Léonard de Vinci, Michel Tremblay. Rien n’empêche un hétérosexuel d’exceller dans les mêmes domaines mais est ce que les grandes œuvres de ces artistes auraient été pareilles sans leur côté homo?

 

Quoi qu’il en soit, ce haut niveau de complexité est ce qui nous rend supérieurs aux animaux. C’est ce qui nous rend sacrés. La Bible elle-même n’aurait pas été écrite si quelqu’un un jour, non content d’une vie limitée a un rôle reproductif, ne s’était pas demandé s’il n’y avait pas autre chose, un Dieu. Versailles, la Tour Eifel, ont été fait pour impressionner. Newton, Galilée, Einstein, ont travaillé pour mieux comprendre le Monde. La citadelle de Québec, l’homme su la Lune, ont été mis là par le simple désir, assez stupide, de se montrer supérieurs aux autres. Même des passions condamnées par la religion, des passions à première vue nuisibles, contiennent pourtant les racines de ce qu’il y’a de mieux dans l’être humain. Toute forme de civilisation ne serait pas là si l’être humain s’était contenté d’être une simple bonne petite brebis qui ne fait que dormir, boire, manger et se reproduire tout en obéissant aveuglément certaines personnes qui prétendent parler au nom de Dieu.

 

On est pas des brebis, on est mieux que ça.

Saturday, July 12, 2008

Manifeste du féminisme non-manichéen

Oh, boy! Ça fait un bout de temps que j'ai posté rien de nouveau. Tout ce temps là, je lisait les textes d'université que j'ai pas eu le temps de lire, surtout de la philosophie. Ça m'a inspiré mes propres petites maximes sur le féminisme et ce que c'est d'être une femme.

1. Il est plus facile de rester enfant, esclave et pouvoir blâmer autrui pour son malheur que d’être adulte, libre et responsable de son bonheur.

2. Aucun homme ne saurait exister sans une femme. Aucune femme ne saurait exister sans un homme.

3. Le patriarcat n’est ni une personne ni une conspiration mais une manière de penser dont tant les hommes que les femmes sont responsables.

4. On est responsable de ce que l’on fait et que l’on dit, non de ce que les autres en pensent ou en disent donc mieux vaut ne pas y penser et faire ce que l’on trouve juste, manger ce que l’on trouve bon, coucher avec qui bon nous semble pour les raisons qui nous semblent bonnes comme on doit s’abstenir si on croit que c’est la meilleure chose à faire.

5. La vertu, quand elle a pour seul objet de plaire aux autres, est le plus flamboyant, le plus superflu des artifices et la plus rigide des paires de menottes.

6. Faire pitié ne rend pas féminine ni vertueuse, ça fait seulement pitié.

7. L’ignorance ne rend ni plus belle ni plus féminine, ça rend juste stupide.

8. Rien n’est plus féminin que de porter un enfant et d’accoucher. Rien nécessite plus de force non plus.

9. L’adversité et la souffrance forment l’essence de la vie tant des hommes que des femmes. Face à elles, on doit attaquer comme le taureau dans l’arène et non fuir comme le mouton face à l’abattoir.

10. Aucune princesse en détresse n’a besoin d’être secourue par qui que ce soit. Femmes battues et victimes de toutes sortes ont elles-mêmes les clés de leur geôle, il leur suffit de les trouver et notre rôle est de les y aider.

11. L’épreuve ou le danger qui ne tue pas rend plus forte.

12. Il est aussi avilissant d’être asexuée qu’esclave sexuelle.

13. Vouloir plaire et chercher le désir dans les yeux de quelqu’un est un aspect de la vie et un droit, non une capitulation ni un avilissement.

14. Mieux vaut être une démone bien vivante qu’une Sainte Vierge faite en plâtre.

15. Crier la faiblesse des femmes en incitant à la pitié et en s’apitoyant sur leur sort fait moins pour la cause des femmes que la plus plate des blagues sexistes.

16. On ne peut pas célébrer sa féminité et s’en plaindre en même temps.

17. Les pires fardeaux sont imposés par soi-même.

18. Quand quelque chose va pas, arrêtes de brailler et fais quelque chose pour l’arranger.

19. La peur toute seule n'a jamais sauvé personne. Ce sont la sagesse et l'action qui sauvent.

20. Le geste le plus féministe que l’on puisse poser, c’est de croire en sa propre force et d’y faire confiance.

Monday, April 28, 2008

On a pu les guerres qu'on avait...

I would say to the House as I said to those who have joined this government: I have nothing to offer but blood, toil, tears and sweat. We have before us an ordeal of the most grievous kind. We have before us many, many long months of struggle and of suffering.
You ask, what is our aim? I can answer in one word: Victory. Victory at all costs — Victory in spite of all terror — Victory, however long and hard the road may be, for without victory there is no survival.




Ces splendides paroles sont sorties de la bouche de Sir Winston Churchill, à la plus belle heure de l'Empire Britannique.



La Seconde Guerre Mondiale! Tout une prise de bec. La plus grande puissance militaire à l'époque contre la grande Angleterre et les tout jeunes États-Unis. La Grande Guerre, la plus grande de toute l'histoire de l'humanité, la pire. Pire que le Viet-Nam, pire que l'Algérie, infiniment pire que nos deux minuscules guerres en Irak, on a peine à imaginer un conflit aussi grand à notre époque de guerre-éclair puisque de nos jours, les pays ont tellement de liens commerciaux entre eux qu'ils n'ont plus intérêt à faire la guerre, surtout pas entre pays riches (par contre, y faut jamais dire jamais).



Aussi inconcevable de nos jours est le fait que les dirigeants des pays les plus puissants du monde ont pu envoyer des millions de soldats au front sans même faire attention au nombre de morts alors qu'après une centaine de morts, on pense déjà à retirer nos boys de l'Afghanistan. Seulement soixante ans après!



On a perdu l'envie de faire des guerres. Peut-être que la trentaine de millions de morts de la grande guerre nous a enlevé l'envie de nous entretuer. Toutefois, les États-Unis ont passé la moitié du vingtième siècle à se préparer à un conflit apocalyptique entre la Bonne Amérique et tout ce qui représente le "mal", soit le communisme (lâchez donc la Bible, un ti peu!) qui n'est finalement jamais arrivé, laissant l'Amérique avec un coffre à jouet militaire incommensurablement couteux mais qui ne sert à rien.



W. a trouvé moyen de s'en servir; la guerre contre la Terreur! Cependant, après plus longtemps encore que les quatre ans de la Grande Guerre, Bush continue à jouer à la cachette avec Ben Laden, l'Irak et l'Afganistan sont encore en ruines et la guerre contre la Terreur semble tourner en rond. Pourtant, on a botté le p'tit cul national-socialiste d'Hitler en moins de temps que ça soixante ans plus tôt et pourtant à première vue, il était plus puissant.



Pire encore, c'est les pays rangés aux côtés des Américains, tant les chefs d'État que les opinions publiques, n'ont pas vraiment l'air de croire en leur tâche. En tout cas, vraiment pas avec le même momentum que lors de la Deuxième Guerre Mondiale. Non seulement l'Occident ne gagne pas la guerre contre le terrorisme, il n'a même pas l'air de vouloir la gagner. Un freak barbu dans le fond de sa grotte, qui n'a même pas l'eau courrante, gagne une guerre contre la plus grande puissance militaire que la terre ait porté...



Pourquoi?



D'abord, il faut préciser qu'Al Qaida ne mène pas la même guerre que les États-Unis. Al Qaida mène une guerre de quatrième génération; il n'y a pas de fronts ni de place forte, seulement des cellules en territoire ennemi qui font un coup d'éclat de temps en temps (USS Cole, Bali, Madrid et évidemment le 11 Septembre) en des endroits importants pour le moral de l'ennemi. Les Américains mènent une guerre encore comme ils la menaient contre les Nazis, en bombardant des sites stratégiques (ou des fois pas si stratégiques que ça) puis en envahissant un territoire alors que face à une guerre de quatrième génération, il faut faire tout le contraire; il faut viser directement les chefs ennemis, faire la part entre les civils sympathiques à l'ennemi et l'ennemi lui même, en tuer le moins possible pour rallier la populace à sa cause. Al Qaida mène une guerre plus "intelligente", sournoise mais efficace alors que l'Amérique mène une guerre de gros bras, qui finalement ne sert pas à grand chose à part écouler la ferraille achetée à prix d'or à Lockeed.



Vu de l'Occident, cette guerre-ci est moins impressionnante que la Grande Guerre parce que les enjeux sont lointains. Une des grande forces de la guerre de quatrième génération, c'est qu'elle a l'air moins menaçante; pas de bombardement la nuit, pas de menace d'invasion, donc pas de menace assez forte pour que le bonhomme de la rue se sente directement en danger. Or, s'il se sent moins en danger, il participera moins à l'effort de guerre, entre autre par le service militaire.



Enfin, pour qu'un peuple suive son leader dans une guerre, il faut au dirigeant un pouvoir qui ne se délègue pas, qui ne s'achète pas et qui ne se passe pas de père en fils; de la crédibilité.



Justement, Bush, qui devrait être notre Winston Churchill, manque cruellement de crédibilité tant chez lui qu'ailleurs avec ses petits yeux de chien battu. Oui, il dit lui aussi des discours su la liberté, sur la démocratie mais plus personne ne le crois.



Franchement, auriez vous envie, vous, de vous battre, vous pour un ancien alcolo-cocaïnomane au quotient intellectuel plus bas que le vôtre qui prend la peine de changer le nom des frites et du ketchup comme s'il n'avait rien d'autre à faire. D'autant plus que lui-même était copain-copain avec l'ennemi dans sa jeunesse...



W. m'a l'air assez petit pour faire la job de Churchill...d'autant plus que là ou Churchill nous demandait d'aller nous battre contre des allemands armés jusqu'aux dents, Bush nous demande d'aller nous battre contre des gens que l'on pourrait prendre en pitié, qui ont grandi dans des camps de réfugiés dans la pauvreté la plus crasse.



Les soldats alliés ont fait la guerre en se serrant les coudes alors que de nos jours, on fait la guerre Barbecue&Beer, jamais sans télé plasma ni sans Tim Hortons à la base. Le moral, la soif de sang, l'envie de se battre jusqu'au bout même dans des conditions inhumaines n'est plus là.



Et entre-nous, les intérêts personnels de W. et de Dick Cheney sont loins de les mériter. Faire la guerre pour la liberté, pour un monde meilleur, n'importe quand mais pas question 'anéantir un pays du Tiers-Monde pour servir les intérêts d'une petite clique de politiciens-hommes d'affaires mégalomanes déjà pleins aux as.

Saturday, April 12, 2008

Saturday, March 15, 2008

Conspiracy theory...

I watched with glee

As your kings and queens

Fought for ten decades

For the gods they made

I shouted out

"Who killed the Kennedys?"

When after all

It was you and me.


(Rolling Stones, Sympathy for the Devil)


Ça a changé le monde. Vous savez ce qu'on dit, tout le monde qui avait l'âge de raison c'temps-là se souviennent de ce qu'ils faisaient quand ils ont appris la nouvelle. C'était le 22 novembre 1963 (jour de l'assassinat de Kennedy) et le 11 septembre 2001 (come on, on sait toute ce qui s'est passé!).

Ben non, j'était pas née en 1963 mais j'était là en 2001. J'était à la bibliothèque de la polyvalente. C'est la première nouvelle importante que j'ai appris sur internet, par les manchettes de Altavista, la page de démarrage de l'ordinateur de l'école dès que je l'ai allumé. La même journée, mon père et mon oncle on installé une nouvelle fenêtre dans la cuisine. Ouen, j'm'en rappelle...et on s'en rappellera tous assez longtemps pour raconter l'histoire à nos petits-enfants en 2050-quelque.

J'ai écouté le film qu'Oliver Stone a fait sur l'assassinat de Kennedy. La moindre des choses que l'on peut dire c'est qu'un autre point en commun entre le 11 Septembre et l'assassinat de Kennedy c'est que les deux événements ont fait la joie des conspiracy theorists aux États-Unis comme ailleurs. Deux événements si médiatisés, qui ont été montrés en boucle à la télé comme sur internet. Ils ont été vus des dizaines, sinon des centaines de fois par les contemporains et pourtant, aucun événement n'aura été aussi mystérieux que ces deux là. Notre intuition, notre gut feeling collectif nous dit qu'on ne connaît pas toute la vérité même si on l'a en pleine face depuis des années.

Dans le cas de Kennedy, l'événement à l'air trop gros que l'on ne nous dise pas toute la vérité. L'Assassinat d'un président de gauche, plein d'avenir par quelqu'un de droite, innaugurant presque deux décennies de calvaire pour l'Amérique avec la guerre du Viet-Nam et le Watergate semble trop chargé politiquement pour être rien qu'une coincidence. On compare les anées Kennedy avec ce qui s'est passé plus tard, principalement la guerre du Viet-Nam et le scandale du Watergate et on se dit que tout aurait été différent si Kennedy n'était pas mort.

On se souvient de ce qui s'est passé après l'assassinat mais il faut aussi observer ce qui s'est passé avant;

Avant l'avènement de Kennedy et de son prédécesseur Eisenhower, la droite et la gauche américaine étaient plutôt inverées; le pari démocrate était plutôt à droite alors que le parti républicain était plutôt à gauche. Kennedy a été perçu comme la cause de ce changement de cap et ses anciens partisans de la droite se sont probablement senti trahis. En plus de ça, ses origines (descendant irlandais du Massachusetts)avec la vieille rivalité Nord-Sud en faisait une cible de choix pour la haine de la droite du Sud.

L'amérique dont a hérité Kennedy sortait d'une décennie ou elle avait été toute cuisinée par une propagante eschatologique. Staline était le bonhomme sept-heures de l'époque, pire; l'Antéchrist, la bête de l'Apocalypse, prêt a déclencher une fin du monde à coup de bombes nucléaires ou une invasion de la Sainte Amérique. Il fallait se tenir prêt pour repousser l'envahisseur diabolique et défendre la nation. De nombreux vidéos de propagande étaient montrés à la toute jeune télévision, on peut en voir de nombreux exemples sur Youtube ou sur des logiciels peer-to-peer. Comment pensez-vous que ces images d'explosion atomiques ont influencé ce jeune publique pas encore habitué aux images-choc de la boite à images?

La crise des missiles de Cuba n'a pas donné d'autre choix aux dirigeants américains que d'arrêter un peu de paranoyer et de commencer à négocier. Or, pour négocier d'égal à égal, il faut savoir faire des compromis. Pour pouvoir faire des compromis il faut voir l'autre comme son égal, lui donner bénéfice du doute et le considérer de bonne foi jusqu'a preuve du contraire. Quand les sudistes pas trop éduqués et terrorisés par les explosions nucléaires à la télé ont vu ce jeune blanc-bec Yankee renoncer à envahir Cuba (l'ennemi dans leur arrière-cour, pour l'amour du ciel!) serrer la main avec le successeur du Diable en personne, pire, pactiser avec lui, il voyaient l'invasion que l'on leur promettait depuis des années au bout du chemin elle allait venir par leur président. On peut dont présumer que l'un d'eux, ou un groupe, a passé aux actes et ont tué Kennedy.

Pour le 11 septembre, l'événment à l'air trop photogénique, un événement trop picture perfect pour ne pas être un produit fait pour vendre une idée; la guerre en Iraq. La date donne un chifre magique, 9-1-1, on a trouvé un coupable instantanément, d'autant plus que celui ci a déjà fait des affaires avec la famille du président. On a montré, exploité, les messages des victimes à leurs famille lors de leurs derniers instants pour tuer encore d'autres gens. Pourquoi?

Pire encore, à chaque fois que l'on remet en question la version des autorités sur le 11 septembre, on nous répond avec un sophisme; on appel au respect, à notre pitié en criant au manque de respect envers les victimes alors que le vrai manque de respect, c'est d'utiliser leur mort et leur souffrance pour justifier une guerre ou avoir des cotes d'écoute.

Faut avouer que c'est tentant de chercher l'anguille sous la roche;).



Ben justement, ce qui n'est pas rassurant du tout, c'est quand on pense qu'une industrie au complet se nourrit de la mort. De tous les âges, il y'a bien fallu que quelqu'un fasse des armes. Krupp fabriquait les armes des troupes de Bismarck puis celles des Nazis mais c'était une compagnie d'acier, qui roulait quand-même en temps de paix alors que de nos jours la survie des Lockeed Martin et des Blackwater de notre ère ne dépend de rien d'autre que de la guerre.

Les compagnies d'armement n'existent plus pour alimenter la guerre, la guerre existe pour écouler le stock des compagnies d'armement. La démocratie? Un prétexte maladroit que les belliqueux les plus mal éduqués gobent et que les mieux éduqués vendent pour des pot-de-vins. Les victimes civiles? De la chair à canon qui vaut bien moins que le missile qu'on tire dedans.

Malgré le rouge, blanc, bleu utilisé à outrance, ces compagnies n'ont rien de patriotique, elles n'ont aucun intérêt à ce que l'Amérique gâgne la guerre, au contraire ils ont tout intérêt à ce qu'elle dure le plus longtemps possible pour écouler plus d'armes, quitte à en vendre aux ennemis.. Elles ne doivent rien à la Démocracie, ne doivent rien à l'État, elles ne doivent rien au Président (pas étonnant qu'on les soupçonne de l'avoir tué), elles n'ont de comptes à rendre qu'aux actionnaires.

Qui sont les actionnaires?

Du monde comme nous autre.